L'option Histoire des arts

Ce texte a été sollicité pour le forum Schoolhistory, dans le cadre d'un séminaire sur l'histoire en France (mars 2004) - http://clioweb.free.fr/peda/thf.htm

Lire aussi la synthèse de Cécile de Joie sur l'Option à Clamecy
 
Cet enseignement artistique créé en 1993 est actuellement présent dans 140 lycées, dont un à Montréal au Canada, et touche plus de 7000 élèves. Située au carrefour de différentes formes d'expression artistique, l'histoire des arts n'est pas un enseignement de pratique artistique mais de mise en perspective historique de l'ensemble de ces pratiques. À ce titre, il nécessite des connaissances théoriques sur la nature et l'histoire spécifiques de ces dernières, comme sur l'histoire des civilisations en général. C'est un enseignement de culture fondé sur une approche à la fois pluridisciplinaire et transversale des oeuvres. Prenant appui sur les acquis antérieurs des élèves, il porte sur les grandes formes d'expression artistique : architecture et art des jardins, arts plastiques et arts appliqués, cinéma, danse, musique, spectacle vivant, etc.
Il est confié à une équipe d'enseignants de différentes disciplines (arts plastiques, éducation musicale, histoire, langues, lettres, etc.) ayant des compétences reconnues en histoire des arts. La richesse et la diversité du domaine nécessitent que cette équipe associe à la mise en oeuvre de cet enseignement des institutions et des acteurs culturels. Cepartenariat, dont les modalités sont à déterminer par l'équipe pédagogique, prend la forme d'interventions, qu'elles soient ponctuelles ou continues, de professionnels (archéologues, architectes, chercheurs, chorégraphes, conservateurs, metteurs en scène, musiciens, plasticiens, etc.), de relations privilégiées avec des institutions et des services culturels (archives, bibliothèques, musées, théâtres ou opéras, etc.), de collaborations avec des associations habilitées .


-BO http://www.education.gouv.fr/bo/2002/hs6/default.htm
- Le site national : http://www2.educnet.education.fr/histoiredesarts/

. A un horaire d'enseignement de trois heures en seconde succède un horaire de cinq heures en première et en terminale pour les élèves de la série littéraire ayant choisi l'histoire des arts comme « enseignement de spécialité » (avec épreuves au bac dotées du coefficient 6),  ou de 3 heures pour les élèves de toutes séries qui décident de suivre l'histoire des arts au titre d'option facultative.
 

Deux exemples pour illustrer la mise en oeuvre des programmes :

Le premier, la découverte d'un vitrail de la cathédrale de Chartres, a été mené avec une classe de seconde et s'inscrit dans une question du programme : la ville médiévale, ses édifices religieux et leur décor; Les objectifs  étaient de s'appuyer sur le patrimoine local ( la cathédrale ) comme révélateur d'un grand courant artistique ( art gothique) et d'un art (le vitrail ) particulièrement représenté à Chartres, de mettre à jour la dimension symbolique du monument et d'un de ses éléments de décor (ceci afin de permettre à l'élève la compréhension de son environnement architectural, artistique et culturel et de le rendre progressivement acteur de cet héritage), enfin d'instaurer une relation avec un établissement culturel local et des professionnels ( le Centre International du Vitrail).  http://www.centre-vitrail.org/index_8.htm

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Ce travail est à replacer dans l'étude d'ensemble du monument ,
 conduite avec les élèves pendant 2 mois. 
Le vitrail retenu a été réalisé au début du XIIIème siècle :
 il illustre la parabole du Bon Samaritain dans sa partie inférieure
 et le récit de la Création dans sa partie supérieure.

http://www.diocese-chartres.com/cathedrale/vitraux/bonsam.htm
 

Notre démarche a été la suivante : tout d'abord une approche descriptive, enrichie par le rapprochement avec le texte biblique qui est à la source du récit puispar la confrontation directe avec l'oeuvre dans la cathédrale ; ensuite une réflexion sur l'iconographie, la symbolique du vitrail et sa fonction dans le monument. Ces deux premières étapes ont été menées conjointement par les professeurs de lettres et d'histoire. La collègue de musique est intervenue par la suite en faisant travailler les élèves sur des oeuvres musicales postérieures au vitrail mais en relation avec la thématique de la Création. Le troisième temps été orchestré par le partenaire culturel : pendant 3 demi-journées, chaque élève a en effet réalisé sous la conduite de professionnels un médaillon du vitrail étudié précédemment  : il s'agissait de découvrir une technique et un art. Enfin, les parents des élèves ont été invités à une visite commentée du vitrail par leurs enfants dans la cathédrale, 

Ainsi le vitrail a pu être saisi dans ses dimensions esthétique, technique et symbolique. Ce travail a sensibilisé les élèves à la nécessité de la connaissance des sources et du contexte historique d'une oeuvre. Ils ont pu aussi esquisser la démarche d'appropriation d'un patrimoine en le faisant vivre devant leurs parents.
 

Le deuxième exemple a été réalisé avec une classe de Terminale pour traiter une des questions du programme 
qui s'intitule Arts et villes au XXème siècle

L'équipe pédagogique a choisi comme support : 


La Cité Industrielle de Tony Garnier
afin de croiser trois problématiques : 
 


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- la ville imaginée : il s'agit d'une utopie urbaine du début du 20ème siècle fondée sur des valeurs d'hygiène et d'efficacité sociale intégrant l'activité industrielle dans la ville

- laville réalisée: le quartier des Etats Unis, seule réalisation à l'échelle urbaine de T. Garnier, est un quartier HBM construit à Lyon à la demande d'Herriot entre 1922 et 1933 dans lequel l'architecte met en application certains des principes énoncés dans son projet initial ;

- enfin la ville en crise et sa réhabilitation : en effet ce quartier a été le théâtre d'une expérience exceptionnelle de requalification par la culture sur l'initiative de ses habitants : des fresques murales monumentales reproduisant des dessins de Tony Garnier ont été réalisées par des artistes lyonnais sur les pignons aveugles des immeubles. C'est aujourd'hui un musée urbain et un lieu touristique, et cette initiative a été saluée officiellement par l'Unesco en 1991.
http://www.sciences-sociales.ens.fr/hss2001/logement/galerie/tonyGarnier.html

Cette question a fait l’objet de regards croisés  : étude du contexte historique et social avec le professeur d’histoire, étude d’extraits du roman de Zola intitulé Travail avec le professeur de lettres, recherches documentaires sur Tony Garnier et son projet, déplacement à Lyon pour une visite guidée du quartier par le responsable du Comité des locataires, acteur majeur du projet de réhabilitation. L’équipe pédagogique a suscité plusieurs types d’interrogations sur ce que l’architecte a voulu faire, les conditions de la création et de la réception de l’oeuvre, sa ou ses fonctions au cours du temps. Il s’agissait aussi de poser la question du sens à donner à la ville pour former le citoyen de demain.
http://perso.wanadoo.fr/bicy-lyon/Lyon/Tony/
http://old.ec-lyon.fr/tourisme/Lyon/Virtuel/7050.html.en

A travers ces 2 exemples, les professeurs ont tenté de répondre à la définition de l’option histoire des arts qui se veut un  enseignement de culture, fondé à la fois sur une approche pluridisciplinaire, transversale et sensible des oeuvres.

 La finalité culturelle de l’option est un enjeu important car pour la plupart des élèves, si la rencontre avec l’art  ne se fait pas à l’école, au collège ou au lycée, elle risque fort de ne se passer nulle part. L’option histoire des arts  contribue à remplir cette mission et a aussi vocation à ouvrir le lycée sur l’environnement culturel et artistique de la cité. 

   Autre enjeu, la pluridisciplinarité: c’est une chance à saisir pour les élèves mais aussi pour leurs  professeurs : elle permet aux premiers de donner du sens à des savoirs cloisonnés, elle incite les seconds à tisser des liens entre  leurs enseignements, à construire des discours pluriels et complémentaires sur un objet artistique commun, à pratiquer une  pédagogie nouvelle.   Nous n’avons pas vocation à former des spécialistes, même s’il est vrai que la moitié de  nos élèves choisissent ensuite une orientation ayant un lien avec le monde de la culture. Nous essayons d’éduquer leur  regard de façon rigoureuse et cohérente , en développant leur esprit critique et avec le souci d’en faire de futurs acteurs  de la vie culturelle.

 Ajoutons qu’avec l’introduction d’une option « histoire des arts » au sein des CPGE préparant aux  concours d’entrée aux ENS Paris-Ulm et LSH-Lyon (arrêté du 24 octobre 2001), une nouvelle étape est franchie, elle est  de nature à participer à ce mouvement de prise en compte accrue de l’histoire culturelle dans les formations scolaires et  universitaires.

Voir également : 

L'Association pour le Développement de l'Histoire culturelle : http://adhc.free.fr/

Le prochain congrès de l'ADHC aura lieu le samedi 24 septembre 2005, à la Sorbonne.
"De l'histoire sociale à l'histoire culturelle" - table ronde avec Christian Chevandier, Jean-Louis Robert, Anne-Marie Sohn. http://minilien.com/?KIXIAGtpYZ

Véronique de Montchalin - Lycée Fulbert -  Chartres - 03/2004 (relu et complété en juillet 2007)