Les déportés de répression (ou déportés non raciaux) en France Conférence de Jean Quellien - CRDP de Caen - 20/11/2002
Très intéressante conférence de Jean
Quellien, à l’initiative de François
Legros,
prof d’HG au collège d’Evrecy
Jean Quellien ne traite que d'un aspect de la déportation, celui que les archives du monde combattant (délocalisées lorsque L Mexandeau était secrétaire d'Etat) permet d'étudier.Ce travail s'appuie sur la coopération entre le l'U de Caen (le CRHQ et l'UFR d'histoire), la Fondation pour la mémoire de la déportation. Il a rappelé qu'au début des années
1970, une querelle a opposé le Comité d’histoire de la
2 GM et la FNDIRP sur
les chiffres :
Depuis, le CDJC a fait le travail pour les déportés juifs (80.000) , et Serge Klarsfeld a utilisé les listes des convois de Drancy pour son Livre mémorial de la déportation juive de France (76.000 dont 3 % de survivants). Pour les déportés
de répression, J Quellien estime leur nombre entre 85 000 et 90
000 alors que l'estimation du Comité était de 52 000
(puis 65.000, par extrapolation pour les départements absents
de l'enquête des correspondants départementaux). La différence
tient à ceux qui ont été envoyés en prison
en Allemagne (6000), plutôt qu’en camp, au sort de ceux qui étaient
déjà en Allemagne (PG, STO) lors de leur internement dans
un camp, au sort des prisonniers espagnols
L’exemple du Calvados est significatif
:
Les correspondants du Comité
ont fonctionné en réseau : le décompte des déportés
appartenant à des organisations de résistance semble mieux
correspondre à la réalité que celui des autres déportés.
De plus, les dossiers déposés par les survivants, ou leur
famille peut accentuer ce déséquilibre. La confrontation
avec les archives allemandes est faite chaque fois que c’est possible.
Mais les départs de Compiègne n’ont pas donné lieu
aux listes de ceux de Drancy.
Un apport original : le calendrier de cette déportation de répression : D’un graphique seulement projeté, il ressort que la déportation est un phénomène massif en 1944, y compris jusqu'en août. Avec 4000 à 8000 déportations par mois, soit de janvier à août plus de 50 000 déportés (à rapporter au 85 - 90 000 total, (soit environ les deux tiers)). Commentaire de J Quellien : la Résistance
a été menacée dans son existence du fait de cette
répression terrible.
J’espère que tout ceci fera l’objet d’une publication, dans un délai raisonnable. Dans l’analyse sociologique,
je retiens :
Quels motifs ? Calvados, 40 % pour Résistance organisée (partis, mouvements, réseaux) - effet intéressant des calculs statistiques : dans l'enquête du Comité, 264 sur 504, cela fait 52 % de résistants organisés ; dans l'enquête Quellien-Fournier, - 269 sur 673, cela fait seulement 40 %. Jean Quellien a insisté sur une de ses convictions : le rôle de la " petite " résistance, de la " résistance civile " (20 % des dossiers). Les chiffres tirés des archives semblent inciter à nuancer l’image des déportés Nuit & Brouillard ( N&N), image portée par le film d'Alain Resnais. Les méthodes utilisées
sont celles de l'histoire quantitative, une histoire en partie délaissée
depuis le succès de l'histoire des représentations.
Enfin, Jean Quellien continue de
souligner la diversité des comportements et de l'opinion publique
en France sous l'occupation, en insistant sur l'importance de la résistance
civile. Dans son intervention sur la France de Vichy, il avait montré
l'ambivalence de cette opinion dans les départements de l'Ouest,
dès 1940.
Au total, un souci de dépasser la dualité "résistants et collabos" trop réductrice, et un net désaccord avec la vision de l'accommodation développée par Philippe Burrin. cf aussi sa conférence de 1998 pour la Régionale
de Caen de l'APHG :
[Les derniers convois :
"D'après le Livre-mémorial
des déportés politiques partis de France de la Fondation
pour la Mémoire de la Déportation, quelques convois sont
partis de France après la Libération de Paris, dans des territoires
non encore libérés :
source : Livre-mémorial des déporté(e)s parti(e)s de France, arrêté(e)s en application des mesures de répression prise par l'occupant ou le régime de Vichy, Fondation pour la Mémoire de la déportation, 2000, tome 9" Page d'Evelyne Py,
D Letouzey, 24/12/2002
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