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Le sens du processus de laïcisation
selon Émile Combes

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Le 13 septembre 1903, lors de l’inauguration du monument de Renan à Tréguier, Émile Combes explicite l’esprit du processus de laïcisation, nullement antireligieux.

Sur le site académique de Rennes,
La statuaire militante : Renan - Le calvaire
photo Serge Urvoas

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Comme libres-penseurs et à l’exemple de Renan, nous refusons de nous courber sous un enseignement quelconque, de nous soumettre à un symbole, d’abriter derrière une croyance les doutes de notre intelligence. [Applaudissements.] Nous faisons profession de consulter et de suivre en toute chose les lumières de la raison. Mais nous n’affichons nullement la prétention d’imposer à autrui notre règle de conduite et notre méthode de raisonnement. À la différence du prêtre catholique, qui ne monte en chaire que pour jeter l’anathème à ceux qui pensent autrement que lui, nous n’ouvrons la bouche que pour réclamer, en faveur de tout le monde, la libre recherche et le libre examen. [Applaudissements.]

Ce n’est pas à la religion que nous nous attaquons, c’est à ses ministres, qui veulent s’en faire un instrument de domination. [Bravos.] La religion, en tant que sentiment inné du cœur de l’homme, échappe à notre prise, comme les autres sentiments. En tant que système de croyances, elle a droit à la liberté, qu’aucun de nous ne songe à lui dénier. Son domaine est la conscience. Nous serions les premiers à le défendre, si, par un acte législatif ou par une mesure administrative, quelqu’un faisait mine de vouloir s’y introduire de force et s’y comporter en maître. Tout ce que nous demandons à la religion, parce que nous avons le droit de le lui demander, c’est de s’enfermer dans ses temples, de se limiter à l’instruction de ses fidèles et de se garder de toute immixtion dans le domaine civil et politique. [Applaudissements.]

Nous sommes entrés en lutte ouverte avec ses ministres, parce qu’ils ont méconnu, de parti pris, le caractère essentiel de leur mission, qui est exclusivement d’ordre spirituel, parce qu’ils visent manifestement à s’emparer de la direction de la société. Rien ne les arrête dans leurs tentatives d’empiétement, ni les lois anciennes, ni les lois concordataires, ni les lois nouvelles de la République. Je n' aurais, pour vous en convaincre, qu’à retracer jour par jour l’histoire des seize derniers mois. [...]

Il peut leur convenir de nous représenter comme des sectaires, parce que nous leur tenons tête avec une fermeté mal servie par la législation existante. Mais l’opinion publique ne s’y trompe pas. À ses yeux, l’ennemi de la religion, ce n’est pas le Gouvernement, qui veut la séparer radicalement de la politique, en lui assurant la liberté dans la sphère qui lui est propre ; c’est le ministre du culte, qui associe délibérément la politique à la religion, pour s’autoriser à mettre une main despotique à la fois sur la conscience et sur la volonté de la nation. [Applaudissements.]
 
 

Émile Combes, 
L’Esprit de la séparation laïque, 1903

Extrait cité dans Henri Pena-Ruiz, Histoire de la laïcité, 
Genèse d'un idéal, Découvertes Gallimard 2005 

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Version image (Gallica, BNF):

 

DL 07/2005 

 

dans Emile Combes, La France laïque, p 348-368
d'après le site Gallica, BNF


 
Discours complet, version image (Gallica, BNF)  

L'extraction des 20 pages (348-368) 
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