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Photos d'Hiroshima...

Le Monde - mai 2008
Michael Lucken
1945 Hiroshima - Les images sources



"Hiroshima : ce que le monde n'avait jamais vu" 

- le monde ou bien Le Monde (mai 2008)
"La censure américaine a caché les images des victimes"
Une pleine page dans Le Monde du 10 mai 2008, avec 2 des 10 photos en illustration



"Très suspectes photos d'Hiroshima..." Le Monde 13 mai 2008

quelques jours plus tard, le démenti sur la page de Sean L Malloy (Atomic Tragedy)

La Robert L. Capp collection a été achetée par la Hoover Institution, au sein de l'université Stanford... 
http://www.hoover.org/hila/announcements/news/18935014.html

Le piège des photos - Véronique Maurus - Le Monde 18.05.2008

Transcriptions de 3 articles en bas de page sur ce blog


La collection des photos de 1923 sur le site yawoot  http://yawoot.com/post/415#thumbs
Cette attribution fautive vérifie la nécessité de la validation des sources, sur internet et sur les autres supports...


1945 - Hiroshima - Les images sources. Hermann 2008


Michael Lucken sur France-Culture, le 3 septembre 2008 A plus d'un titre



comptes rendus de l'ouvrage :
Claude Baillargeon, Etudes photographiques
http://etudesphotographiques.revues.org/2891

Tanguy Wuillème, Questions de communication
http://questionsdecommunication.revues.org/946



En mai 2008 , la publication sur « les très suspectes photos d’Hiroshima » dans Le Monde avait montré les limites de la validation institutionnelle. Au même moment, l’ouvrage « 1945 - Hiroshima : Les images sources » attendait chez l’imprimeur. Michael Lucken, historien de l’art, prof à l’INALCO y témoigne de l’intérêt de l’image, devenue une des sources majeures pour l’historien. 

http://homepage.mac.com/mlucken/mlucken4/Menu17.html
Nous en soulignerons deux apports : le contexte de production de ces images (près d’une centaine sont reproduites et commentées dans l’ouvrage) ; leur place dans la culture nationale japonaise.
Une centaine d’images sont reproduites et commentées dans le livre. 
Cette page web donne l’adresse de quelques-unes d’entre elles, disponibles sur internet.

Le contexte de production des images
Pour les EU, la photographie est une arme à part entière, au service du bombardement des villes de l’ennemi. 
270 000 clichés ont été pris pour la seule campagne d’Okinawa. Les reportages prévus lors du largage des deux bombes atomiques ont échoué : à Hiroshima, le rayonnement a détruit le film, à Nagasaki, l’avion arrive après la déflagration. Par la suite, après le 3 septembre, une mission est mise en place au sol et produit des milliers de photos. Certaines de ces photos sont soumises à la censure américaine jusqu’en 1952.

Côté japonais, la censure est rigoureuse ; les photographes ont appris à travailler sous contrôle. 
A Hiroshima, Matsushige Yoshito, un reporter local qui dépend aussi de l’armée est blessé lors de l’explosion. Cela ne l’empêche pas d’arpenter les décombres toute la journée. Mais il ne prend que 5 photos, de qualité médiocre, qui ne disent rien de l’énormité de la catastrophe qui vient de s’abattre sur la ville. Une des photos représente un groupe entourant un policier (version NB  ou version sepia) . Par la suite, le photographe mettra en avant l’état de choc dans lequel il se trouvait. http://en.wikipedia.org/wiki/Yoshito_Matsushige
 


A Nagasaki, l’armée envoie quelques hommes dont l’écrivain Azuma Jun, le photographe Yamahata Yôsuke et le dessinateur Yamada Eiji. Il leur faut près de 5 heures pour parcourir 3 kilomètres.

« Les photos de Yamahata Yôsuke sont hors du commun. Elles sont terribles, quasiment indescriptibles… Difficile d’y voir autre chose que le néant, le néant comme négation brutale du réel ». Certaines sujets ont également été traités par le dessinateur, dont le célèbre cliché d’une mère et de sa fillette tenant une boulette de riz. Ou une mère allaitant un nourrisson. Là encore, une image qui aurait pu servir la propagande : le bombardement n’a pas brisé le moral du peuple japonais, un peuple déterminé et innocent.

Au total, environ quinze personnes ont pris des photos entre le 6 et le 17 août (2 jours après la reddition) ; 230 clichés ont survécu, sur peut-être 2000 pris pendant cette courte période. Une demi-douzaine seulement montre explicitement des cadavres irradiés. Une partie de la destruction est ordonnée dans les jours qui suivent la capitulation.
 

Une mère et de sa fillette tenant une boulette de riz
http://www.nnc.cubaweb.cu/paginasat/gal11.htm

Yamahata Yôsuke


Ces images sont révélatrices des évolutions de la société japonaise et de sa culture.

Face à la destruction, la société fait appel à l’expérience et aux catégories mises en place lors des catastrophes antérieures. « L’image passée anticipe l’image future ; l’image présente évoque l’image passée et la re-détermine ». Ainsi, les images du tremblement de 1923 à Tokyo retrouvent tout leur intérêt, mais sans erreur d’attribution cette fois-ci. Le quartier de Ryôgoku, détruit par les incendies de 1657 et 1881, par les séismes de 1854 et 1923 sert de modèle visuel dans la représentation d’un espace anéanti mais clair et structuré. Un modèle que les photographes utilisent pour « organiser la table rase », pour montrer à l’aide d’une vision panoramique la dévastation d’Hiroshima, autour du « Dôme de l’explosion atomique ».

Depuis 60 ans, la mémoire de la seconde guerre mondiale a profondément marqué la société japonaise. « Un intense travail de réduction du drame à des formes claires et efficaces » a servi les musées-mémoriaux fréquentés par les enfants des écoles. Dans la construction de cette mémoire, les images de cadavres n’ont pas occupé la place centrale. Les corps irradiés ont été abondamment photographiés par les scientifiques, mais ils sont rarement mis en avant. D’autres éléments ont été convoqués : les horloges arrêtées, le champignon atomique (en fait souvent celui d’un essai au Nouveau-Mexique), la Statue pour la paix de Nagasaki… 
http://homepage.mac.com/mlucken/mlucken2/Menu15.html (publications, article)


Michael Lucken, l'historien de l'art japonais, consacre un chapitre 

aux « Scènes des bombardements atomiques », 
une série de 15 tableaux réalisée entre 1950 et 1982 par les époux Maruki et exposée à Higashi-Matsuyama.
Les références picturales sont nombreuses dans les premières œuvres, mais la photographie est explicitement utilisée dans les dernières (une mère en train d’allaiter à Nagasaki). Pour eux, l’art a sans doute joué un rôle de catharsis, en permettant de transposer la violence des images conservées en mémoire.


Hiroshima Peace Memorial Museum
: http://www.pcf.city.hiroshima.jp/index_e2.html

Life Photos : http://images.google.com/hosted/life  - Hiroshima - Nagasaki
The Manhattan project - Hiroshima  -   vue aérienne1  vue2   Life - Nagasaki
1945 : http://en.wikipedia.org/wiki/Atomic_bombings_of_Hiroshima_and_Nagasaki
1923 : http://en.wikipedia.org/wiki/1923_Great_Kant%C5%8D_earthquake
Photos from Hiroshima and Nagasaki : http://www.gensuikin.org/english/photo.html
Yosuke :  http://www.exploratorium.edu/nagasaki/mainn.html
Japan Focus  http://www.japanfocus.org/_Hayashi_Ky__ko-From_Trinity_to_Trinity/
 

une jeune mère allaitant un nourrisson

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