Robert Paxton, Conférence
à l'IMEC
le 25 novembre 2007
Robert Paxton était à
Caen pour préparer l’exposition sur la vie littéraire
française sous l’Occupation, conçue par l’IMEC, qui sera
présentée au Mémorial en 2008, à New York en
2009.
Il a accepté la demande
du directeur de l'IMEC. Sa conférence a attiré un très
nombreux public.
http://www.imec-archives.com/programme/page.php?id=287
http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Paxton
http://en.wikipedia.org/wiki/Robert_Paxton
Rien de nouveau pour les experts
de la 2 GM,
ni pour ceux qui ont eu le plaisir
de l’entendre ailleurs,
ou de lire son article dans l’ouvrage
" Pourquoi la France ? "
http://www.bibliosurf.com/Pourquoi-la-France-Pourquoi-les
mais " un pur moment d’histoire
et d’égo-histoire ".
- RP a choisi l’histoire de
l’Europe pour échapper à une mémoire familiale très
prenante, autour d’un arrière-grand-père tué en 1863,
lors de la guerre de Sécession.
- Une forte conscience de son rôle
dans l’historiographie française ; il a tenu à citer aussi
la place de Jackel et de Durand.
RP a rappelé les thèses
de Robert Aron dont " La France de Vichy " est une critique efficace :
pour RP, Vichy avait une marge
de manœuvre étroite mais réelle, au moins en 1940. Par exemple
à propos du sort des Juifs. Cette marge se réduit après
les échecs d'Hitler face à la Grande-Bretagne et face à
l'URSS. Les nazis se servent alors de la France pour alimenter leur machine
de guerre et pour nourrir leur population et leur armée. Ils y appliquent
aussi leur plan de destruction des Juifs d’Europe.
Il a rappelé la distinction
entre collaboration d’Etat et collaboration idéologique, entre Bousquet
et Chateaubriant.
Il a évoqué les critiques
faites à son ouvrage, notamment par Pierre Laborie :
RP reconnaît avoir mis l’accent
sur la France de Vichy, pas sur la Résistance ; sur la France vue
depuis les cercles dirigeants, pas depuis le quotidien vécu par
tous les Français (il n’avait pas eu accès aux rapports de
préfets) .
Parmi les questions :
- Quelles pistes restent encore
à explorer ?
un triple réponse en forme
de modestie :
. Pour RP, la grille de lecture
de 1973 reste opératoire. Mais " le propre d’un livre, c’est qu’il
soit un jour dépassé. Je l’accepte ". RP se réjouit
de voir autant de chercheurs travailler sur cette période douloureuse
et passionnante.
. RP pense nécessaire d’étudier
les organisations qui ont pu relayer le discours pétainiste (comme
l’ordre des médecins).
. Les jeunes historiens ont de nouvelles
questions ; c’est eux qu’il faut interroger.
- La propagande de Vichy et le
rôle de Marion - cf Peschanski.
- La contradiction entre
les tenants d’un discours traditionaliste et les technocrates modernisateurs,
le clivage entre " vieux Romains " et " jeunes cyclistes "…
http://213.161.196.111/revue-le-mouvement-social-2001-2-page-35.htm
- Quel impact pour 14-18 ?
14-18 détermine les choix
de Pétain.
Mais la défaite de 1940
a changé radicalement la donne politique.
RP a rappelé les 1,4 M tués
en France, pays vainqueur.
Et leur poids dans les comportements
en 1940.
[ L’impact n’est-il pas aussi énorme
en Allemagne, pays vaincu ?
Naguère, on faisait comparer
Pétain et Hindenburg…
Il me semble qu’il faudrait aussi
à prendre en compte 1873 et l’Ordre moral, dans le rapport à
la défaite et au rôle politique et social de la religion catholique,
et voir le rejeu des clivages nés au moment de l’Affaire Dreyfus.
].
- J’ai tenté, avec peu des
succès, une question sur " les usages politiques du passé
".
RP dit n’avoir pas suivi le débat
qui a occupé les historiens en octobre.
Il a repris le formule de Rousso
sur le " syndrome de Vichy ", un " passé qui ne passe pas ".
Il regrette qu'un pouvoir politique
soit tenté de récupérer l'histoire, d’instrumentaliser
le passé.
- " What if ? " Vichy aurait-il
pu choisir une autre voie en 1940 ?
Vichy a choisi de profiter du choc
colossal de la défaite pour imposer sa " révolution nationale
"
Un régime de " simple gérance
" aurait peut-être été possible ? Il aurait au moins
évité d’enraciner en France une division durable de l’opinion.
- " La Révolution nationale
ressort plus de l’ordre de la stratégie que de l’idéologie
" dit RP
Pétain a su fédérer
tous les ennemis de la République, notamment tous ceux qui avaient
une revanche à prendre sur le Front populaire. Il a mis en place
un régime d’exclusion.
[ Le projet de tordre le
cou à la République parlementaire, n’est-ce pas aussi une
forme d’idéologie ? ]
Consulté par mail, RP a
répondu à ce commentaire en mettant en avant 2 aspects :
- La très grande hétérogénéité
des hommes et des projets qui se rangent derrière Pétain
en 1940.
- Le souci de donner plus de place
aux pratiques sociales et politiques qu'aux seuls discours. |
Lire aussi le compte rendu par
Evelyne d’une autre conférence à Lyon :
http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=132
La France et l’attitude des Français
sous l’Occupation - Jean
Quellien en 1998
DL 2007 |