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Blois 2004 |
Le site officiel :
http://www.rdv-histoire.com/home_bl.html
Débat diffusé sur Canal-U,
compte rendu par Catherine Gervois
Avec la participation de:
L'histoire produite et enseignée
était une histoire au masculin.
En 1973, "les femmes ont elle une histoire?"
était un cours de Michèle Perrot à Paris VII, et à
Aix en Provence s'ouvrait un cours sur l'histoire de la condition féminine.
1/ Une origine militante
Les femmes n'ont-elles pas participé à l'Histoire? L'absence des femmes dans l'histoire avait certes une signification. Le premier objectif était donc
de faire émerger l'action des femmes dans l'Histoire.
Le deuxième problème a été de faire reconnaître la validité de ce champ de recherche. Ce travail a été déprécié en "histoire de bonnes femmes" et a dû prouver son caractère scientifique. Il était parti d'un terrain militant. 2/ Les débuts de l'histoire des femmes Cécile Dauphin chercheuse à l' EHESS : L'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales est une institution qui est restée peu féminisée jusqu'à très récemment : une présidente a été élue au printemps 2004. Et pourtant, c'est elle qui a servi de cadre pour abriter les débuts de la recherche sur l'histoire des femmes. Quelles ont été les conditions
matérielles d'émergence de l'histoire des femmes?
Il s'agissait d'instaurer de nouvelles
pratiques de la recherche : objets, sources, avec le souci d'infléchir
l'écriture de l'Histoire.
Le 1° numéro s'intitulait
: le corps féminin, d'autres ont suivi.
L'histoire des femmes est née dans ces groupes de recherche et elle a bénéficié de circonstances, et aussi de la modification de l'organisation de la recherche. En effet celle-ci est devenue moins hiérarchisée, plus individualisée, et elle s'appuie sur des problématiques plus novatrices. 3/ De nouveaux objets de recherche Yannick Ripa, Maîtresse de conférences à Paris VIII On peut être tenté de penser que l'histoire au féminin a été élaborée pour compléter l'histoire au masculin. Une Américaine a développé cette thèse d'une "histoire au féminin compensatoire" En fait l'histoire des femmes a permis d'envisager de nouveaux objets d'histoire. Elle n'est pas compensatoire, mais c'est plutôt une histoire d'accumulation de nouveaux objets, dans le souci de trouver des matériaux pour une histoire des femmes. Les chercheuses sont parties des problèmes des féministes, et en particulier des idées reçues sur les femmes qui réduisent les femmes à leur corps, aux faits de la maternité, la famille. Les femmes sont considérées comme étant du ressort de la vie privée et sont à l'écart de la vie publique. Puis on a pris conscience que la coupure entre vie publique et vie privée n'était pas aussi évidente; elle n'est pas justifiée. On s'est alors intéressé aux travaux des femmes, les femmes dans le clergé, assumant parfois une responsabilité dans une hiérarchie, et en général à toutes les femmes travailleuses. Contrairement à une idée reçue, infondée, les femmes n'ont pas commencé à travailler après la 1° guerre mondiale, mais de tout temps. Les premières thèses
ont été soutenues sous la direction de Michèle Perrot,
de Madeleine Ribérioux, d'une professeure (?) d'Aix en Provence.
Leurs sujets portaient déjà sur les marges de l'histoire
des femmes :
Le point de départ a été l'espace convenu féminin et s'est étendu jusqu'aux marges et à l'espace politique. Cf Thèses de F. Rochefort, S. Chaperon , Christine Barbe … 4/ Naissance de l'histoire du "genre" M. Eric Fassin professeur agrégé de l'ENS L'histoire du genre est internationale
dès le début, et les Etats-Unis y ont joué un rôle
pilier.
La France est-elle plus rétive
aux questions du "genre" ?
Et pourtant aux USA, l'histoire de "genre" n'est pas étrangère à la culture intellectuelle française. Dès les années 70, à la naissance de l'histoire de genre, les chercheurs faisaient référence à Simone De Beauvoir et à Lévy-Strauss. Cette histoire de genre est aussi liée à l'anthropologie. Qu'est-ce que l'histoire de ou du (?)
"genre"?
Est-ce un savoir politisé? Peut-on
en donner une définition qui transcende l'histoire?
Selon les travaux de Thomas Laker, (?) "la fabrique du sexe", on assiste à une radicalisation. On part d'une histoire de l'opposition sexe-genre à travers l'anatomie. En effet, il y a eu un basculement au XVIII°: avant, il y a 1 sexe sans différence de nature entre H et F, on les considère distincts par la suite, à partir du XIX° surtout. (NDLR : on peut en douter, ou il faut le démontrer; cette affirmation pourrait être objet de débat à elle seule !) La radicalisation qui fait basculer
dans l'histoire de "genre" est de se poser cette question: peut-on se dire
si, derrière le genre, il y a bien un sexe biologique? De cette
question découlent toutes les problématiques sur le partage
des identités selon un "genre".
5/ Les apports de l'histoire de genre Mme Violaine Sébillotte, responsable du séminaire d'Histoire "Genre et Histoire", Université Paris 1 Ce séminaire regroupe des historiens
avec une formation d'histoire des sociétés, plus jeunes,
et non d'origine militante.
L'histoire de genre nous offre 3 apports
importants:
b) Si on part dans cette direction, on ouvre un nouveau champ de recherche, celui de l'analyse des identités sexuées. On peut étudier à travers la littérature, tout le vocabulaire qui parle des femmes, et de même celui sur les hommes. Le critère du sexe est-il opératoire pour établir les différences et une hiérarchie selon les situations? Si l'on observe des scènes de banquets sur les vases antiques, on voit des hommes, des "vainqueurs", barbus, avec des personnages masculins et féminins, danseurs, musiciens, la formation de couples homo- et hétérosexuels. Cette animation est au service de la distraction des hommes couchés et barbus. L'analyse montre la différence entre les hommes barbus d'un certain âge, d'une part et les autres jeunes hommes imberbes et les femmes, qui accompagnent les danseurs. Ici la césure est une question d'âge. c) L'histoire de genre apporte une complexification de l'étude sur les hiérarchies : on peut alors débloquer certains dossiers comme celui des filles sacrifiées pour la patrie. Ces sacrifices sont mis en scène dans des tragédies : Iphigénie, est une fille victime mais son consentement lui donne une dimension héroïque : elle en est "virilisée". Le commentaire traditionnel était peu satisfaisant : les filles sont plus familières du sang versé, les filles sont plus faibles, donc leur sacrifice est plus admirable. Ces explications prenaient source dans une nature biologique féminine. En fait, elles sont données en exemple aux garçons. Il s'agit de jeunes filles non mariées, appartenant et dépendante de leur père. La fille représente celle qui est toujours avec son père. Elle est mariée sous la domination du père, veuve, elle retourne chez son père. Le garçon devient majeur et indépendant. Les garçons guerriers doivent s'identifier au sacrifice des filles. Donc, grâce aux apports de l'histoire de genre, le regard du chercheur évolue et se renouvelle. Tout objet de recherche peut tirer profit de ce renouvellement. 6 /Usages différenciés de l'histoire du genre Eric Fassin Le genre n'est pas réduit à
un thème.
L'homosexualité masculine est entrée dans l'histoire du genre à la fin des années 70. Elle a été pensée dans la Grèce selon une opposition entre rôle actif et passif, ce qui est une opposition de genre, avec une assignation de rôles respectifs. Ce thème a été repris vers 1990 dans "New York entre 2 guerres" (?) qui montre comment les définitions de la sexualité se croisent entre les rôles sexués. L'histoire du genre est donc une discipline
particulière, articulée avec d'autres disciplines, et définie
par une problématique et non par un objet.
Quels sont les enjeux de ce domaine
de recherche?
La dimension militante s'est effacée.
Il y a eu apaisement dans la communauté scientifique. Ce concept
reste difficile à admettre, voire à comprendre par les étudiants.
Chaque chercheur y ajoute une dimension :
L'histoire des femmes est un mode de questionnement de l'histoire et du monde dans lequel on vit. Comment transmettre cette accumulation des savoirs? Mais aussi on peut réfléchir sur les enjeux de l'inscription du politique dans les corps. La différence des sexes est plus ambiguë que le mot "genre". Le genre parle aussi des relations de pouvoir, de l'organisation des relations entre hommes et femmes en termes de pouvoir. L'intérêt de ce mot permet aussi d'éviter l'identité entre sexe et sexualité. Le mot genre est une étiquette parmi d'autres, on peut l'assimiler à une identité de type sexuée? ou au contraire poursuivre la remise en cause de "l'identité sexuée" Q : Foucault utilité du mot
genre mais avec plus de finesse
Q : Comment penser la biographie féminine
avec l'histoire du genre?
Q : Pensez vous qu'il puisse y avoir
un aspect pervers de l'histoire du genre sur la société civile?
Le genre serait une voie qui permet d'étudier comment s'effectue
le partage entre féminin et masculin. Quels peuvent être les
effets d'aller à l'encontre des assignations actuelles?
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