France - juin 1936 - Les grèves de 1936 : 2 explications contraires

Maurice Thorez :

Alors que dans certaines usines, militants de la Gauche prolétarienne ou trotskystes s'efforcent de durcir le mouvement de grèves, le parti communiste se montre soucieux de ne pas se laisser déborder et appelle à la reprise du travail.

Si le but est d'obtenir satisfaction pour les revendications de caractère économique, tout en élevant progressivement le mouvement des masses dans sa conscience et son organisation, alors il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n'ont pas encore été acceptées, mais si l'on a obtenu la victoire sur les plus essentielles et les plus importantes des revendications.

Appel lancé par Maurice Thorez à l'assemblée d'information des communistes de la région parisienne. 11 juin 1936.

La classe ouvrière ne doit pas progresser à un rythme accéléré qui puisse risquer de la conduire à l'isolement. Elle ne doit pas se laisser provoquer à une action inconsidérée.

Maurice Thorez, exposé devant la presse. 8 juillet 1936.

Le Temps :

Pour expliquer la généralisation des grèves, la presse de droite évoque l'action de meneurs communistes cherchant à déborder le gouvernement Blum, comme le suggère Le Temps :

La vérité est que, dans le moment même où les pouvoirs publics élaborent la législation " sociale " qui doit faire, comme chacun le sait, le bonheur des Français en général, et de la classe ouvrière en particulier, les communistes, qui sont l'aile marchante de l'Internationale marxiste, cherchent à discréditer le gouvernement des socialistes et des radicaux, à tenir leurs propres troupes en haleine, à créer et à maintenir un état d'agitation et de désordre éminemment favorable à la réalisation de leur objectif révolutionnaire. Les chefs communistes peuvent bien jurer leurs grands dieux qu'ils ne sont pour rien dans la continuation des grèves, ni dans la persistance des troubles; M Thorez peut bien s'écrier qu'il faut savoir sortir d'une grève : le double jeu de la IIIe Internationale n'en est pas moins évident et certain.

Le Temps. 13 juin 1936.