France - 1766 : Louis XV et l'absolutisme
" Ce qui s'est passé dans mes parlements de Pau et de Rennes ne regarde pas mes autres parlements; j'en ai usé à l'égard de ces deux cours comme il importait à mon autorité, et je n'en dois compte à personne.
Je ne souffrirai pas qu'il se forme dans mon royaume une association qui fera dégénérer en une confédération de résistances le lien naturel des mêmes devoirs et des obligations communes, ni qu'il s'introduise dans la monarchie un corps imaginaire qui ne pourrait qu'en troubler l'harmonie; la magistrature ne forme point un corps séparé des trois ordres du royaume. (..)
Comme s'il était permis d'oublier que c'est en ma personne seule que réside la puissance souveraine; que c'est de moi seul que mes cours tiennent leur justice et leur autorité ;
que la plénitude de cette autorité, qu'elles n'exercent qu'en mon nom, demeure toujours en moi, et que l'usage n'en peut jamais être tourné contre moi;
que c'est à moi seul qu'appartient le pouvoir législatif sans dépendance et sans partage;
que c'est par ma seule autorité que les officiers de mes cours procèdent, non à la formation, mais à l'enregistrement, à la publication, à l'exécution de la loi, et qu'il leur est permis de me remontrer ce qui est du devoir de bons et fidèles conseillers;
que l'ordre public tout entier émane de moi; que j'en suis le gardien suprême ;
que mon peuple n'est qu'un avec moi et que les droits et les intérêts de la nation, dont on ose faire un corps séparé du monarque, sont nécessairement unis avec les miens et ne reposent qu'en mes mains. (...)
Si, après qu'en connaissance de cause j'ai persisté dans mes volontés, mes cours persévéraient dans le refus de s'y soumettre, le spectacle scandaleux d'une contradiction rivale de ma puissance souveraine me réduirait à la triste nécessité d'employer tout le pouvoir que j'ai reçu de Dieu pour préserver mes peuples des suites funestes de ces entreprises. "
Discours de Louis XV devant le parlement de Paris, le 3 mars 1766, Dechappe, L'histoire par les textes
Belin Histoire 2de 1987 p 21