.
Dans un chapitre de son
ouvrage
" On n’y voit rien ", - Dans le Journal of
Warburg and
Courtauld Institutes, une spécialiste propose cette explication
: - p 31-32, il cherche,
avec humour,
une équivalence éventuelle entre l’escargot et
Dieu. " Je trouvais mon interprétation divertissante et je la proposais régulièrement aux étudiants. J’y croyais à moitié, mais, de toute façon, ce n’était pas inutile : ça leur montrait qu’on peut réfléchir quand on regarde un tableau, et que réfléchir n’est pas nécessairement triste ". - p 32 : D Arasse envisage également une figuration de " l’insupportable longueur du délai qui sépare la Chute d’Adam et Eve et l’Annonciation ". Mais " Umberto reconnut qu’il n’avait pas de texte médiéval précis en mémoire " (pour étayer cette thèse), mais " s’il n’en trouvait pas, il l’écrirait lui-même. Il n’était pas inexpert en la matière ". - Ensuite, Daniel Arasse confronte ce tableau à l’escargot avec d’autres oeuvres : une Annonciation
de Crivelli (une
pomme et une courge occupent le bord du tableau), une Annonciation
de Filippo
Lippi (un vase transparent), un Saint
Jérôme
pénitent de Lorenzo Lotto p 35 : " Vous savez ce que c’est : on réfléchit, on réfléchit, on n’avance pas et puis, tout d’un coup, ça y est, on voit ". p 40 : " Autrement dit, comme le vase de Lippi, comme l’escargot de Cossa, comme la sauterelle de Lotto fixe le lieu d’entrée de notre regard dans le tableau . Elle ne nous dit pas ce qu’il faut regarder, mais comment regarder ce que nous voyons ". p 43 : " L’escargot, par sa disproportion, fait, localement, échec à la profondeur fictive de la perspective. D’ailleurs, le palais de la Vierge est rigoureusement inconstructible ". " L’escargot nous montre qu’il ne faut pas se laisser prendre à l’illusion de ce que nous voyons, ne pas y croire… C’est au terme d’un tour de force perspectif que le peintre ruine subrepticement le prestige de la perspective. (…) p 44 : " Francesco del
Cossa n’avait
pas lu Panofsky. Il ne savait pas que la perspective allait devenir la
forme symbolique d’une vision du monde qui serait
rationalisée par
Descartes et formalisée par Kant. Il ne pouvait pas le savoir.
Ce
qu’il sait, en revanche vers 1470, c’est que la perspective
est une affaire
de mesures.(…) Elle construit l’image d’un monde
commensurable… Et ce monde
n’est pas infini. Seul Dieu est infini. Le monde de Cossa reste
fini, clos,
à la mesure de l’homme.(…) " L’anomalie de
l’escargot vous fait
signe ; elle vous appelle à une conversion du regard et vous
laisse
entendre : vous ne voyez rien dans ce que vous regardez. Ou
plutôt,
dans ce que vous voyez, vous ne voyez pas ce que vous regardez, ce pour
quoi, dans l’attente de quoi vous regardez : l’invisible
venu dans la vision
. " d’après,
Daniel Arasse, Le
regard de l’escargot, Le regard de l'escargot écouter Daniel
Arasse
dans Histoires de
peintures,
|