Adam Rayski

Adam Rayski a été l’un des témoins et des acteurs de la tragédie de la rafle du Vel’ d’Hiv’, les 16 et 17 juillet 1942.

Né en 1913 à Bialystok (Pologne), il ne tardera pas, à peine adolescent, 
à adhérer à la Gauche scolaire, une organisation à tendance marxiste, 
pour en devenir rapidement le responsable.

Arrivé à Paris en 1932, il entreprend des études de journalisme à la Sorbonne, convaincu qu’il n’existe pas de meilleure arme que la parole écrite pour gagner l’adhésion des masses à une cause révolutionnaire. En 1934, il entre au quotidien de gauche en langue yiddish, La Presse Nouvelle. Peu après, il fera partie de la rédaction de L’Humanité pour assurer les liens politiques avec le quotidien juif.

En juillet 1940, s’évadant d’un camp de transit de prisonniers de guerre à Nantes, 
il revient dans Paris occupé, au matin du 14 juillet. 
Il participe à la création du mouvement de résistance juive placée sous l’égide de la MOI (Main d’Œuvre Immigrée), une organisation affiliée au Parti communiste. En septembre 1941, Adam Rayski est promu responsable national de la résistance juive MOI, dont la branche armée s’est illustrée par son héroïsme contre la Wehrmacht. Il occupera ce poste jusqu’à la fin de la guerre. Il ne lâchera pas sa plume et s’en servira pour assurer la mémoire de cette période exceptionnelle, celle de la résistance juive, comme historien. Adam Rayski est membre d’honneur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) dont il fut cofondateur, en 1943, dans la clandestinité.

Adam Rayski fait partie du Jury national du Concours de la Résistance et de la Déportation, en qualité de personnalité de la Résistance. 

Il est président de l’Union des Résistants et Déportés Juifs de France (URDF). L’association publie une revue d’information historique, La Lettre des Résistants et Déportés Juifs, 35, place Saint-Ferdinand, 75017 Paris.
Il est décédé en mars 2008.


Publications d’Adam Rayski

Nos Illusions perdues
Balland, Paris, 1985 (épuisé).
Disponible en CD-Rom.
Traduction allemande Zwischen Thora und Partei,
Herderbücherei, Freiburg, 1987.

Qui savait quoi ? L’extermination des Juifs 1941-1945
avec Stéphane Courtois
La Découverte, Paris, 1987.

Le Sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance
avec Stéphane Courtois et Denis Peschanski, Fayard, 
Paris, 1989, 2e édition 1994.

Traduction allemande de L’Affiche rouge, Immigranten und Juden in der
französischen Résistance, Verlag Schwarze Risse, Berlin, 1994.

Le Choix des Juifs sous Vichy. Entre soumission et résistance
La Découverte, Paris, 1992.

A la demande d'Anne, son épouse, j'avais mis en ligne 
un dossier sur les fusillés de la Cascade du Bois de Boulogne.
http://clioweb.free.fr/dossiers/39-45/rayski/cascade.htm

Il y a soixante ans. La rafle du Vélodrome d’Hiver  (15 Mo en pdf)
Le peuple de Paris solidaire des Juifs (extrait p 39 et 40 de la brochure distribuée en oct 2002 aux lycéens parisiens : http://www.resistancejuive-europe.net/veldhiv/Veldhiv.html

Certains articles de sa "Lettre des Résistants et Déportés Juifs"étaient en ligne sur le site http://www.cie.fr/urdf/ http://web.archive.org/web/*/http://www.cie.fr/urdf/
http://www.resistancejuive-franceurope.net/
Le site web suivant semble avoir été moins bien archivé


Adam Rayski  - Carnet du Monde 20 mars 2008

Fasciné par la révolution bolchevique, le jeune militant polonais s'exile en France, prend part à la Résistance et contribue à la création du CRIF, en janvier 1944 http://www.lemonde.fr/web/tstitres/0,26-0,45-080320,0.html

Responsable de la section juive du Parti communiste français, Adam Rayski est mort le 12 mars à l'âge de 95 ans. Il appartenait à cette cohorte de juifs d'Europe orientale qui, dans les années 1920, se sont engagés à corps perdu dans l'aventure bolchevique et ont oeuvré en France au même titre que bien d'autres, tels Feintuch (1906-1990), Louis Gronowski (1904-1987), Boris Holban (1908-2004), Henri Krasucki (1924-2003), Léopold Trepper (1904-1982)...

Rayski est né Abraham Rajgrodski à Bialystok, ville frontière entre Pologne et Russie. Fils de petits commerçants, engagé dès 16 ans dans l'action révolutionnaire, à l'exemple de son oncle dirigeant du PC polonais, il adhère aux Jeunesses communistes de la " Russie blanche occidentale ". Cette appellation - tirée de son autobiographie exigée par le PCF le 3 février 1934 - en dit long sur sa détestation de la Pologne de l'époque et sur sa fascination pour l'URSS.
Responsable du travail antimilitariste puis secrétaire du PC de Bialystok, il est repéré par la police et s'exile donc, en 1932, à Paris, où il devient apprenti dans la confection tout en suivant une formation de journaliste militant ainsi que des cours à Sciences Po et à l'Ecole pratique des hautes études.
En 1933, il est nommé membre de la direction de la section juive du PCF appartenant à la MOI (Main-d'oeuvre immigrée), qui organise dans ses " groupes de langue " les communistes étrangers, sous la direction de Gronowski. Pratiquant le polonais, le russe, le français et l'allemand, Rayski, devenu permanent du parti, est chargé de créer un journal en yiddish, Naïe Presse (Presse nouvelle), tout en se formant comme stagiaire à L'Humanité.
Mobilisé en mai 1940 dans l'armée polonaise en France, il revient à Paris après la défaite, et redevient dans la clandestinité l'un des dirigeants de la section juive. En avril 1941, il est envoyé en zone sud pour y réorganiser la section et s'occuper de l'évasion des communistes étrangers internés dans les camps de Gurs et du Vernet.
Après la dure période d'août 1939 à juin 1941, qui a vu les communistes pratiquer une neutralité plus ou moins marquée à l'égard des nazis, l'attaque allemande contre l'URSS les replace dans une résistance active à l'occupant, en particulier les juifs. Revenu à Paris, aidé de sa femme, Jeanne, qui est son agent de liaison, Rayski s'occupe de la presse clandestine qui sensibilise les juifs aux menaces de déportation et cherche à rompre leur isolement en créant, en août 1942, après la rafle du Vél d'Hiv, le Mouvement national contre le racisme, et ses journaux clandestins (J'accuse, Fraternité).
Parallèlement, il sélectionne les militants susceptibles de s'engager dans la lutte armée au sein du 2e détachement des FTP-MOI parisiens - essentiellement juif -, qui sera démantelé par la police en juin 1943. Traqué par la police, il passe, en juillet 1943, en zone sud, où il participe, en janvier 1944, à la création du Conseil représentatif des israélites de France (le CRIF).
Après guerre, Rayski demeure le principal dirigeant de la section juive, devenue Union des juifs pour la résistance et l'entraide, entretenant des relations avec les sionistes. Dès 1946, lors d'un séjour à Varsovie, il renoue avec des camarades de la MOI devenus chefs du service de renseignement militaire et du contre-espionnage polonais.

CRITIQUE DU COMMUNISME
Sans doute sont-ce ces relations qui le contraignent à quitter précipitamment la France fin 1949. Grâce en particulier à la recommandation de Jacques Duclos (l'homme du KGB au sein de la direction du PCF), il est nommé, avec rang de secrétaire d'Etat, responsable de toute la presse polonaise. Devenu un apparatchik, ce stalinien convaincu est pris dans les remous - mi-antisémites, mi-antistaliniens - de l'automne polonais de 1956.
Démis de ses fonctions, envoyé à Paris, en juillet 1957, pour créer une maison d'édition - mission effective ou couverture ? -, il est arrêté, le 6 octobre 1959, et déféré à la justice militaire pour complicité dans le cadre de l'affaire Hermann Bertelé, l'un des chefs du service de renseignement militaire polonais en France, et condamné à sept ans de prison en juillet 1961. Grâce au soutien d'anciens résistants haut placés, il sera libéré par anticipation en mars 1963. Adam Rayski mène alors une vie anonyme. Salarié d'oeuvres sociales juives, il publie, en 1985, Nos illusions perdues, où, évoquant son itinéraire, il dresse un tableau très critique du communisme, qualifié de " dictature " et de " régime totalitaire ".
Entré en contact avec plusieurs historiens auxquels il apporte son témoignage de première main, il participe à l'élaboration du documentaire de Mosco Boucault, Des terroristes à la retraite, puis à Qui savait quoi de l'extermination des juifs (1987), et surtout au Sang de l'étranger (1989) - première esquisse d'une histoire générale de la MOI. L'effondrement de l'URSS et du système communiste international après 1991 semblait l'avoir, à la fin de sa vie, rapproché du PCF, qui vient de lui rendre publiquement hommage.

Stéphane Courtois  directeur de recherches au CNRS (Sophiapol-Paris-X)

14 août 1913  Naissance à Bialystock (Pologne)
1932  S'exile en France
1941  Organise la presse clandestine
1949 Secrétaire d'Etat du gouvernement polonais
12 mars 2008  Mort à Paris


En vertu de la loi sur le droit de réponse,
Benoit Rayski a demandé au journal de publier ce qui suit.

Le Monde a fait paraître, dans son numéro daté du jeudi 20 mars, une nécrologie consacrée à Adam Rayski. Elle est signée par Stéphane Courtois, directeur de recherches au CNRS.

Je suis le fils d’Adam Rayski et je suis également assez journaliste  pour admettre qu’un mort, dès lors que sa notoriété autorise qu’on en  parle, n’appartient pas qu’à sa famille. Mais, quand même, tout n’est  pas permis contre mon père !

Demander un texte sur Adam Rayski à Stéphane Courtois que mon père connaissait et qu’il méprisait pour sa vision policière de  l’histoire, autant autoriser un fossoyeur à ajouter de la boue aux  pelletées de terre qu’on jette sur le cercueil… Et l’article de  Courtois ne déroge pas à sa méthode habituelle.

Un procès, bien sûr, mais fabriqué de murmures, de chuchotements et  de quelques petites infamies délicatement susurrées. Quelques exemples.

Courtois écrit que dans sa « bio rédigée le 3 février 1934 à  l’intention du service des cadres du PCF », mon père dit avoir adhéré  en Pologne aux Jeunesses communistes de la « RUSSIE BLANCHE  OCCIDENTALE ». Et l’historien, heureux de sa trouvaille, note que  cette « appellation en dit long sur sa détestation pour la Pologne de  l’époque et sur sa fascination pour l’URSS » !

Stéphane Courtois est, paraît-il, un spécialiste reconnu du  communisme. Ignore-t-il vraiment que la ville de Bialystok où était  né Adam Rayski faisait partie d’une région où le PC polonais avait  créé un parti communiste de la Biélorussie occidentale et que, donc,  cette « appellation » ne devait vraiment rien à mon père ?

Dans le domaine de la tartufferie diffamatoire il y a pire. Sous la  plume de Courtois, mon père, revenu en Pologne en 1949 pour y prendre  la direction de la presse officielle, devient un « apparatchik  » (insultant) et un « stalinien convaincu » (totalement mensonger)  et, à suivre le texte, Adam Rayski est pris « dans les remous — mi- antisémites mi anti-staliniens — de l’automne polonais de 1956 »,  puis il sera « démis d ses fonctions ». L’artiste, je ne dirai plus  l’historien, atteint ici le sommet de son savoir-faire.

L’Octobre polonais de 1956 fut une grande révolte libérale qui vit se  dresser contre elle le groupe stalinien, et violemment antisémite,  dit de Natolin. Mon père, et Courtois ne peut l’ignorer, juif et  libéral, fut de l’autre bord et permis à la presse polonaise de  l’époque d’avoir une liberté de ton inconnue jusqu’alors. Tout le  contraire de ce qu’insinue Courtois qui, depuis son Livre Noir du  Communisme a quelques comptes à régler avec les Juifs et c’est  pourquoi il laisse entendre que juifs et staliniens c’était la même  chose.

J’aurais bien d’autres choses à dire mais j’imagine que la place  qu’on peut accorder à un fils indigné n’est pas considérable. Juste  encore un souvenir personnel pour expliquer ma colère et éclairer  l’éthique de M. Courtois.

Il y a de cela quelques années, il avait, à ma demande, écrit une contribution pour un journal que j’animais. Connaissant mes  sentiments à son égard, il voulait s’assurer que son texte passerait intégralement. Et, sur le ton d’une plaisanterie légèrement menaçante, il me dit ceci au téléphone ; « Tu sais, je dispose encore 
de rapports non utilisés des Brigades Spéciales (chargées sous l’Occupation de traquer les Juifs des FTP-MOI) qui montrent que quelqu’un que tu connais très très bien a été pour le moins  imprudent… Serais-tu content que je les publie ? »
J’ai raccroché et j’ai rapporté cet épisode glauque dans un livre  sans jamais être contredit par le préfacier du Livre Noir.

Décidément, le cadavre de mon père est trop grand, beaucoup trop  grand, pour entrer dans le petit cercueil que lui a confectionné  Stéphane Courtois.

Benoit Rayski

DL 2002-2008